Les maladies de conservation qui touchent les pommes à cidre sont un problème récurrent dans la filière. Elles sont responsables de pertes importantes à la récolte, engendrent des pénalités lors de la livraison chez les transformateurs et posent des problèmes de gestion des fruits avant leur pressage. Mal maîtrisées, elles peuvent avoir un impact sur le produit fini, cidres, jus de pomme mais également compotes.
Ces maladies se développent pour la plupart lorsque le fruit est au sol, suite à la chute des pommes. Le choc provoqué par cette chute crée souvent des blessures sur les fruits qui facilitent l’accès pour les champignons (parasites de blessures pour la grande majorité). Toutes les conditions sont alors réunies pour favoriser la contamination :
Par la suite, les différentes étapes de la récolte peuvent aggraver l’état sanitaire des fruits. Les fruits sont malmenés et parfois fortement abimés lors de leur récolte mécanique, leur transport puis leur stockage avant la transformation ; les germes des agents fongiques se développent ainsi d’autant plus vite. Des efforts techniques et logistiques sont faits pour réduire au maximum la durée de séjour des pommes au sol et donc la contamination des fruits au verger, mais avec certaines limites : une récolte manuelle dans l’arbre ou une augmentation drastique du nombre de passages de la machine de récolte au sol ne sont pas en l’état des solutions économiquement viables. Ainsi d’autres leviers d’action doivent être mobilisés.
Un premier travail d’identification et de quantification des maladies au sol avant récolte a été fait en 2012 (Marquet A., 2013). L’objectif est de caractériser la flore fongique de différents vergers cidricoles et d’essayer de comprendre les facteurs de variabilité de cette flore pathogène, afin de déterminer d’éventuels leviers d’action pour lutter contre les maladies associées à cette flore fongique.
L’étude 2014 a été entreprise dans la continuité de celle effectuée en 2012, dans le but d’étayer les résultats obtenus précédemment et de comparer les deux années de prélèvement.
Trois maladies d’origine fongique ont été principalement rencontrées : la moniliose (Monilinia fructigena), le black rot (Botryosphaeria obtusa) et le phytophthora (Phytophthora spp.). Elles représentent à elles trois plus de 96 % des maladies identifiées. On trouve ensuite les champignons Penicillium expansum (1,76 %), Cylindrocarpon mali (0,68 %), Fusarium spp. (0,58 %) et Alternaria alternata (0,53 %).
Quatorze variétés ont été étudiées dans dix-huit vergers répartis sur la Normandie, la Bretagne et les Pays de la Loire. Dans la mesure du possible, il y a eu deux prélèvements effectués, un en septembre sur des variétés « précoces » et un autre en octobre sur des variétés « tardives » afin d’étudier si les inocula étaient différents en fonction des périodes. Le taux de pourriture peut varier de 4 % à 56 % en fonction de la variété prélevée, mais, il varie aussi en fonction du producteur et donc par conséquent en fonction des caractéristiques culturales et climatiques de la parcelle où l’échantillon a été prélevé. On peut remarquer notamment pour la variété Douce Coëtligné que le taux de pourriture peut varier de 7 % à 44 %. La même constatation peut être faite pour les échantillons prélevés en octobre. En 2014, le taux de pourriture total du mois de septembre (26,00 %) est supérieur à celui observé pour le mois d’octobre (17,67 %). On peut citer comme facteur explicatif des températures plus élevées du mois de septembre qui favorisent la fructification des spores.
Les différences de taux de pourriture entre les parcelles étudiées sont importantes. On trouve, toutes variétés confondues, entre 9,53 % et 50,21 % de fruits pourris et altérés en moyenne dans les vergers. On peut attribuer ces variations à différentes causes : l’inoculum de la parcelle, le programme phytosanitaire du producteur, les conditions climatiques de la région dans lesquelles le verger se situe ou encore l’effet variétal.
Cette étude a fait l'objet d'un rapport de stage en 2015.